"On mourra de dégoût si l'on ne prend pas, de-ci de-là, un grand bain d'azur." (Théodore de Banville)

Le cocardier et les raseteurs

L'« abrivado » précède la course, c'est l'arrivée dans les arènes des taureaux en provenance des prés, accompagnés à cheval par les gardians de la manade. Leur retour aux prés après la course dans les mêmes conditions est appelé la « bandido ». Le but des gardians, chevaux et taureaux est de rester groupés « emmaillés ».

Dans l'arène, la course commence par une capelado qui est l'équivalent du paseo de la corrida. Le défilé a lieu sur l'air d'ouverture de Carmen répartis en deux files sans ordre préliminaire  ;  le défilé des raseteurs se termine avec le salut à la présidence.L'arrivée du taureau dans l'arène est annoncée par une sonnerie de trompette jouant "L'èr di biòu". Après avoir laissé une minute de répit au cocardier pour s'habituer à l'arène, une seconde sonnerie retentit pour indiquer aux raseteurs le début de leur « attaque » qui se fait, comme leur nom l'indique avec un raset.

L'animal est appelé « taureau cocardier » car c'est lui qui porte la cocarde. Il s'agit ici d'un bœuf castré alors qu'il est encore un veau de un an anouble. Il est de race camarguaise (les « Camargue » ou « raço di biòu »), qui diffère des taureaux de race brave. Le cocardier camarguais est plus petit (entre 250 et 350 kg pour les mâles), plus nerveux et plus rapide que son cousin espagnol et ses cornes sont en forme de lyre ou de croissant très relevé.

Chaque cocardier est travaillé pendant un quart d'heure maximum par un groupe de raseteurs indépendants les uns des autres et assistés de tourneurs. Le nombre de protagonistes varie d'une course à l'autre, généralement de 4 à 20 personnes. Dès sa sortie du toril, l'animal doit être capable de prendre position le dos à la barricade pour surveiller ses adversaires. Lorsque ceux-ci courent vers lui les bras tendus vers sa tête pour essayer de décrocher une prime, il réagit avec beaucoup de fougue, poursuivant les officiants jusqu'au bout de la piste.

Les raseteurs défient le taureau afin d'aller chercher sur ses cornes des attributs à l'aide d'un crochet. Ces attributs sont des trophées qui rapportent des points permettant de déterminer le meilleur des raseteurs dans les différentes manifestations de chaque catégorie :  la coupe de la cocarde vaut 1 point, l'enlèvement de la cocarde et des glands 2 points par attribut, l'enlèvement de la coupe du frontal 1 point, l'enlèvement de chaque ficelle 4 points.